lundi 24 janvier 2011

New York New York, ou Scarlett, le retour

Pour bien commencer, voici un tube made in Sinatra pour accompagner la lecture du billet...





Alors maintenant, laissez-moi vous présenter Scarlett pour ceux qui ne la connaitraient pas encore.
Cette jeune new-yorkaise de 15 ans vit avec sa famille dans l'hôtel Hopewell, tout proche de Central Park. Cet hôtel Art Déco, splendeur en son temps, devient dangereusement décati et ses parents ont de plus en plus de mal à le tenir, n'ayant même plus de personnel.
Scarlett est la troisième des quatre enfants Martin: Spencer, l'aîné, 19 ans, comédien en devenir, Lola, 18 ans, jeune femme d'un calme et d'une gentillesse impressionnants, et Marlène, la petite dernière, 11 ans, rescapée d'un cancer ayant un caractère explosif, profitant légèrement de son statut.




Dans Suite Scarlett, on découvre toute cette joyeuse tribu le temps d'un été, où Scarlett et ses frères et soeurs sont de corvée pour aider leurs parents à faire tourner l'hôtel, alors même que tous les amis de Scarlett sont en vacances en Europe ou ailleurs, au grand désespoir de celle-ci. Mais finalement, en aidant Spencer à monter Hamlet dans la salle à manger de l'hôtel à l'insu de leurs parents et en étant chargée d'une cliente particulièrement farfelue et exigeante, Mrs Amberson, Scarlett va passer un été beaucoup moins morose qu'elle ne l'avait imaginé...
Alors quelle ne fût pas ma surprise, que dis-je, ma joie, quand pas plus tard que vendredi, en ouvrant un carton de livres tout beau tout frais, je suis tombée sur Au secours, Scarlett ! Je ne savais même pas qu'il y avait une suite et mon petit coeur de midinettte a frétillé de bonheur ...
Le livre commence presque pile là où on avait quitté Scarlett, aux derniers jours de l'été. La rentrée arrive, les amis de Scarlett sont de retour et la vie "normale" reprend son cours, le lycée, le "petit boulot" d'assistante de Mrs Amberson, les querelles de famille. Sauf que chez les Martin, rien ne reste longtemps normal et on est rapidement embarqué dans leurs nouvelles aventures trépidantes. En prime, vous aurez droit à de jolies balades dans New York, de l'Empire State Building aux avenues huppées en passant par Broadway et bien sûr Central Park.
Et cette fois, la fin ne laisse présager qu'un nouvel opus, ou alors Maureen Johnson est vraiment très cruelle !
Alors en résumé, les filles, allez-y vous ne serez pas déçues ! (Peut-être même les garçons mais j'en doute... Donnez-nous un avis masculin !)
Dès 13 ans mais pour les plus grandes ça marche aussi :)

Juju la Praline

"Suite Scarlett" & "Au secours, Scarlett !"  Maureen Johnson, traduit de l'anglais par Cécile Dutheil de la Rochère, éd. Gallimard Jeunesse, coll. SCRIPTO, 2010 & 2011

dimanche 2 janvier 2011

Le temps où nous chantions

Comment dire ? Ce livre est tout simplement... génial, au sens premier du terme.
Foisonnant, il nous embarque à travers un demi-siècle d'histoire des Etats-Unis, au coeur de la lutte pour les droits civiques par le biais d'une famille "mixte". Tout commence en 1939, lorsque se rencontrent Delia Daley, une jeune femme noire et David Strom, un juif allemand fuyant le nazisme.
C'est avec leur passion pour la musique qu'ils tentent de préserver leur amour malmené par la bienséance et d'élever leurs trois enfants au milieu de cette grande cacophonie américaine.


Jonah, l'aïné embrasse une carrière de ténor, accompagné par son cadet Joseph au piano, tandis que Ruth, la benjamine, s'engage aux cötés des Black Panthers. Joseph, le narrateur, essaye tant bien que mal de garder cette famille soudée malgré les drames qui viennent jalonner leur existence.
Je ne peux pas en dire plus sans m'embarquer dans des dizaines de pages qui n'auraient aucun intérêt, il faut lire ce livre extraordinaire où l'on croise Einstein (David Strom est physicien) , Martin Luther King, Rodney King et bien d'autres, où l'on est happé par la violence des émeutes raciales qui déchirèrent l'Amérique, mais surtout où l'on s'attache au destin d'une famille dont les membres sont des personnages emprunts d'une humanité rare. Et puis surtout, chaque page respire la musique, classique, ancienne, jazz, soul, rap... La musique se place ici comme un enjeu identitaire majeur et est présente à chaque instant de ce roman-fleuve, roman-torrent même.

"On sort de ce fleuve ému, bouleversé et admiratif : sans jamais écrire un roman politique, ni polémique, Richard Powers a décrit, à voix feutrée, l'échec définitif d'un idéal." Christophe Mercier

Ce roman est un monument qui plaira aux gros lecteurs (1046 pages en petits caractères bien serrés) et aux amoureux de l'Histoire et de la musique, mais aussi à tous ceux qui aiment se laisser embarquer dans un fleuve qui emporte tout sur son passage. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, et j'étais avide de poursuivre les "aventures" de cette famille singulière qui me hantera encore pendant un petit bout de temps, on ne sort pas intact de cette lecture.

Julie

"Le temps où nous chantions" Richard Powers, traduit de l'américain par Nicolas Richard, Le Cherche Midi, 10/18 pour la version poche, 2006 et 2008