lundi 28 mars 2011

K.622

A défaut de travailler assidûment ma clarinette -je suis soucieuse de rester en bons termes avec mes voisins (la bonne excuse...)- je me suis fait une session totale clarinette avec une réédition de K.622 de Christian Gailly. J'ai acheté ce livre il y a quelques semaines, mais comme je ne voulais pas faire les choses à moitié, j'ai attendu de me procurer ce concerto pour clarinette en la majeur de Mozart, pour pouvoir l'écouter durant ma lecture. Je suis donc allée trouver mon disquaire qui m'a conseillé une version interprétée par le clarinettiste Jean-Luc Votano et l'orchestre philharmonique de Liège, sous la direction de Louis Langrée (tant qu'à faire, autant être une bonne chauvine d'adoption !).
Me voilà lancée, je m'installe, livre en main et disque en marche pour une belle séance de musique et de mots.


(La pochette est vraiment très laide, non ?)

L'histoire est en somme toute simple. Le narrateur, un soir, alors qu'il somnole blotti sous sa couette, entend ce concerto de Mozart un peu par hasard, et sera bouleversé par cette écoute. Dès lors, il cherche à tout prix à retrouver cette émotion, en se procurant différents enregistrements, mais en vain. Il apprend alors que ce concerto va être donné à Paris et décide de s'y rendre. S'ensuit une série de péripéties burlesques qui vont jalonner la préparation, l'attente de ce concert, jusqu'au final.

L'écriture de Christian Gailly m'émeut profondément. Un soir au Club, que j'ai lu il y a quelques années, m'avait marquée. On était alors dans un univers jazzy, où l'écriture était syncopée, des phrases courtes, assez minimalistes, qui suggéraient plutôt que disaient. Dans K.622, il y a de ce ton là, mais on suit le narrateur, complètement névrosé, dans le fouilli de ses pensées, de digressions en digressions, un drôle de bazar dont on ne sait pas trop où il va nous mener. On se questionne avec lui sur les émotions perdues, sur la beauté en général, et on le suit avec étonnement dans sa quête impossible pour retrouver ce qui l'a animé lors de sa première écoute.
"Les conditions de l'émotion ne sont pas l'émotion, les conditions de l'émotion ne sont que le décor de l'émotion, et s'il est possible, toujours possible de reproduire le décor extérieur, le décor intérieur, lui, n'est pas reproductible, il change à vue."
Bref, ce que ce livre m'a fait ressentir est assez difficile à transcrire, mais lisez donc !
Pour ce qui est du concerto, il est superbe. Je ne suis pas fine connaisseuse de musique classique, et je serai curieuse d'écouter d'autres versions, je pourrai alors décider de celle qui me touche le plus, qu'elle soit la mieux interprétée ou pas.

Julie.

"K.622" Christian Gailly, éd. de Minuit

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